Résultats des ventes

PARIS
Résultat : 201,000 euros / Sotheby’s Paris & Leclere, Robert de Balkany, rue de Varenne, Evening sale

Résultat : 201,000 euros

Lot 25

Rare paire de grands vases fuseau à bandeau en porcelaine de Paris de la manufacture de Dihl et Guérhard d’époque Empire, peints et signés par Swebach et datés 1807

à décor polychrome sur les bandeaux sur l’un d’une chasse à courre au cerf et sur l’autre d’une course de chevaux, la partie supérieure, inférieure et le piédouche à fond écaille à décor en or de guirlandes de fruits, torches, couronnes, coupes, cornes d’abondance, trophées et dauphins, les trois parties réunies par des bandes en bronze doré traitées en bas-relief : têtes de chiens, cerfs et sangliers, masques et trophées de chasse ; (un bandeau restauré, quelques usures d’or)

Haut. 128 cm, larg. 47 cm
Height 50 1/3 in ; width 18 1/2 in

80,000 - 120,000 EUR

A PAIR OF GILT-BRONZE MOUNTED PARIS PORCELAIN VASES SIGNED BY SWEBACH AND DATED 1807, EMPIRE, DIHL ET GUÉRHARD MANUFACTURE



PROVENANCE
vente des collections de comte de X..., Hôtel Drouot, 10 juin 1874, lot 1, décrits en porcelaine de Sèvres

LITERATURE
Régine de Plinval de Guillebon, « La manufacture de porcelaine de Guérhard et Dihl dite du duc d’Angoulême », The French Porcelain Society, Londres, IV, 1988

CATALOGUE NOTE

La manufacture de porcelaine de Dihl et Guérhard est l’une des rares manufactures parisiennes nées sous l’ancien régime à avoir survécu à la révolution française et rencontré un grand succès au début du XIXe siècle. Les raisons de ces persistance et succès sont multiples mais tiennent en grande partie aux caractères et qualités de ses propriétaires. Christophe Dihl, sculpteur s’associe le 25 février 1781 à Antoine Guérhard, bourgeois de Paris et sa femme Louis-Madeleine Croizé pour établir une manufacture de porcelaine rue de Bondy, l’un apportant son industrie, son talent, ses soins et une grande quantité de moules, les époux fournissant de leur côté 8.000 livres de fonds. Pour échapper aux interdictions formulées dans les privilèges de la manufacture de Sèvres, ils se placent sous la protection du très jeune duc d’Angoulême.

En 1785, la manufacture emploie déjà 12 sculpteurs et 30 peintres et se dit accablée de commandes et vendre considérablement. En 1787, un contemporain estime que la manufacture de Dihl et Guérhard égale à quelque chose près celle de Sèvres. Cette même année, les associés apportent 432.000 livres et déplacent la manufacture dans l’hôtel Bergeret qu’ils achètent rue du Temple. Des visiteurs illustres s’y succèdent : la baronne d’Oberkirch accompagne en 1786 la duchesse de Bourbon et remarque des vases et des services magnifiques. Gouverneur Morris, représentant des Etats Unis à Paris, achète à partir de 1789 des porcelaines pour Georges Washington, notant dans son journal : « nous trouvons que la porcelaine ici est plus élégante et meilleur marché que celle de Sèvres ». En l’an VI (1797-98), Dihl reçoit une récompense à l’exposition des produits de l’industrie pour y avoir présenté des tableaux peints sur porcelaine. Cette même année, Dilh épouse Mme Guérhard, veuve depuis 1793, en présence des meilleurs peintres de la manufacture : Sauvage, Le Guay et sa jeune épouse Marie Victoire Jaquotot. C’est également en 1797 que Le Guay réalise le portrait de Christophe Dihl sur plaque de porcelaine, aujourd’hui conservé au musée de Sèvres où l’on aperçoit sur le bureau un vase fuseau à bandeau à fond écaille décoré d’une frise d’enfants en grisaille probablement par Piat-Joseph Sauvage.

Les recherches de Dihl sur les couleurs, les variétés de fonds obtenus, imitant l’agate, le lapis, le jaspe, l’écaille, le vermeil ou le bronze patiné à l’antique, associées aux pinceaux de peintres talentueux, Le Guay ou Sauvage déjà évoqués mais également Drölling, Demarne ou Swebach permet à la manufacture d’être considérée à la fin du XVIIIe siècle et sous l’Empire comme l’une des premières en Europe. Dihl tente ainsi de hisser la porcelaine à un rang supérieur dans la hiérarchie des arts. Les commentaires du Salon de 1806 par Chaussard sont à ce propos instructifs : « ’Commençons par gémir de ce qu’un pinceau aussi brillant [celui de Demarne] soit obligé de se louer à des manufacturiers... Ainsi les manufacturiers absorbent et débauchent en quelque sorte les talens de MM. De Marne, Droling, Swebach, Mallet, etc... je dois considérer les peintures de M. Droling sous un autre aspect ; en effet, il est attaché aujourd’hui à une manufacture de porcelaine... Applaudissons néanmoins aux efforts et à la constance que M. Dihl a développée pour donner aux manufactures de porcelaine un éclat indépendant de celle de la fabrication et pour ajouter à leur prix par la valeur de la Peinture. Ce genre n’est point à dédaigner, il ouvre à l’industrie et aux arts de nouveaux débouchés, il donne au luxe un caractère de goût et d’élégance, il agrandit le domaine de l’art ». Chaussard, Le Pausanias français, 1806, pp.206-207, cité par Régine de Plinval de Guillebon, « La Manufacture de Porcelaine de Dihl et Guérhard », Bulletin de la Société de l’Histoire de Paris, 1982, p. 185.

Napoléon se tourne ainsi vers cette manufacture particulière et non pas vers Sèvres pour offrir en 1804 au Roi Charles IV d’Espagne une table en bronze doré ornée de plaques peintes par Le Guay et Sauvage (Régine de Plinval de Guillebon, Faïence et Porcelaine de Paris, XVIIIe -XIXe siècle, 1995, p. 294). La Cour d’Espagne reçoit également en 1804 une très grande paire de vases fuseau à fond écaille d’une forme et taille similaires aux nôtres, aujourd’hui conservés au Palais Royal de Madrid (fig. 2), ainsi décrits dans une facture de la veuve du marchand Godon en 1804 : Une paire de vases en porcelaine d’environ quatre pieds français de haut, fond au grand feu, ornements dorés, peints par Coste, en paysage colorié, placés sur de très hauts piédestaux en racine d’orme ornés de riches bronze dorés mat, 32,000 francs (information aimablement communiquée par John Whitehead).

Un autre très grand vase fuseau à bandeau sur fond or mesurant un mètre de haut, peint par Le Guay d’un Enlèvement des Sabines en grisaille, aujourd’hui conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, figurait dans une vente chez Phillips en 1816 (15 juin 1816 lot 553) et aurait peut-être été commandé par le Roi George IV d’Angleterre.

C’est à nouveau à la manufacture de Dihl et Guérhard que Joséphine de Beauharnais et le prince Eugène feront appel en 1811 pour les deux services à fond or décorés de tableaux, aujourd’hui majoritairement conservés au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (Atalia Kasakiewitsch, « Das Service des Eugène de Beauharnais », Keramos, n°141, juillet 1993, p. 13-32).

Jacques François Joseph Swebach (1769-1823), fils et élève du peintre Louis Swebach Desfontaines, débute sa carrière en 1783 en exposant au Salon de la Correspondance, se spécialisant rapidement comme peintre et graveur de chevaux et scènes de bataille. Il réalise en 1800 un portrait équestre de Joséphine pour le château de Malmaison. Il entre en 1802 à la manufacture de Sèvres comme peintre de batailles, de scène de genre et de paysage, participant à la réalisation des services les plus prestigieux comme le service particulier de l’Empereur, les deux services Egyptiens, les deux services Encyclopédiques ou encore le service des vues diverses. L’une des assiettes du premier service Encyclopédique offert par l’Empereur en 1806 à son ministre Hugues-Bernard Maret, duc de Bassano, aujourd’hui conservé au musée du Louvre, est décorée d’une chasse au cerf. La même scène est à nouveau peinte par Swebach en 1807 sur le bandeau d’un de nos vases.

En 1814, Swebach est appelé en Russie par la manufacture Impériale de porcelaine où il travaille jusqu’en 1820.

 

 

Il n'y a pas d'article à cette adresse