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ITALIE URBINO
Adjugé 13.500 € - Vente du 11 avril 2005 - Etude Renaud & Giquello - Drouot Salle 2

Adjugé 13.500 euros

Plat tondino rond à décor a istoriato représentant Mutius Cordus tenant son cheval face au Roi Etrusque Porsenna assis sur un trône devant une ville à l’arrière plan et trois tentes surmontées dans partie supérieure droite des armoiries du Cardinal Nordi formées d’un écu de gueule au lion rampant d’argent.

Inscription au revers en bleu : Il Mutio la sua destra / se abrusia. (Mutius se brûle la main droite).

Atelier de Guido Durantino, vers 1535-1540.

Diam. : 27 cm. (Restauration sur le bord).

An Urbino Istoriato dish bearing the Cardinal Nordi coat-of-Arms. Guido Durantino workshop, circa 1535-1540.


Ce plat a pour sujet un épisode de l’histoire de Rome raconté par Tite Live (Ab urbe condita II, XII) et par Valerius Maximus (Facta et dicta memorabilia, III, iii, 1). En 246 a.v.J.C., Mutius Cordus se rendit chez les ennemis Etrusques avec l’intention de tuer leur Roi Porsenna. Il tua par erreur un soldat au lieu du Prince. Ayant été arrêté et conduit au roi, il plaça pour se punir sa main droite sur les flammes d’un autel. Le roi, touché de compassion, ordonna qu’on le mît en liberté. Il prit alors le surnom de Mutius Scaevola.

L’épisode de Mutius apparaît sur plusieurs majoliques conservées dans des collections publiques, par exemple sur le plat d’Urbino daté 1542 conservé à l’Ermitage à Saint Petersbourg (Elena Ivanova : Il secolo d’Oro della Maiolica, catalogue d’exposition Faenza, 2003, n° 86, p. 104 et n° 83, p. 103), celui du Musée Civique de Pesaro (Claudio Giardini, Museo Delle Ceramiche, Pesaro, 1996, n° 127, p. 54 ), celui du Victoria and Albert Museum (Bernard Rakham, Catalogue of Italian Maiolica, Londres, 1940, cat. 623) ou du musée de Cambridge, (Julian E. Poole : Italian maiolica and incised slipware in the Fitzwilliam Museum Cambridge, Cambridge, 1995, cat. no. 394).

Notre plat faisait partie d’un service exécuté entre 1535 et 1540 à Urbino pour le cardinal Giacomo Nordi, évêque d’Urbino de 1523 à 1540. Seules seize autres pièces de ce service sont aujourd’hui connues. Elles ont fait l’objet d’une étude par Michael Brody (M. Brody, Istoriato Maiolica with the Arms of Giacomo Nordi, Bishop of Urbino, 1523-1540, thèse sous la direction de Timothy Wilson, Ashmolean Museum, Oxford, 1998). Parmi ces seize pièces (quatorze plats de tailles différentes et deux gourdes), deux sont conservées au Musée des Arts décoratifs de Lyon et deux autres au Musée du Louvre (C. Fiocco, G. Gherardi, et L. Sfeir-Fakhri : Majoliques italiennes du Musée des Arts décoratif de Lyon, collection Gillet, Dijon, 2001, n° 160 et 161 et J. Giacomotti, Les Majoliques des musées nationaux, n° 1012 et 1013).

Suivant la forme des armoiries et la peinture elle-même, Michael Brody distingue trois peintres différents ayant travaillé sur ce service. Notre plat semble être de la même main que six autres pièces du service :le plat décoré du Jugement de Salomon au Musée de Lyon (C. Fiocco, G. Gherardi, et L. Sfeir-Fakhri :, op. cit, n° 160), le plat décoré du Retour de Thésée de Crète conservé au Vatican, le plat décoré d’une bataille entre Phillipe et les Etoliens au Boymans van Beuningen Museum de Rotterdam, le plat décoré d’Apollon et Daphnée qui figurait dans la vente Cottreau en 1910 (n°11), un plat décoré de Pyrame et Thisbée dans le marché de l’art en 1992, la gourde décorée de l’histoire de Cyparisse du musée médiéval de Bologne et la gourde décorée de Diane et Actéon conservée au musée municipal de Forli.

Il semble que ce peintre ait également collaboré aux services Montmorency et Duprat et que le service Nordi ait été exécuté dans l’atelier de Guido Durantino (J. Mallet, Maiolica at Polesden Lacey (II), Apollo, Londres, novembre 1970, p.342.)

Nous remercions vivement Monsieur Brody pour les informations qu’il nous a communiquées.

 

 

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