06/06/2018 - Binoche & Giquello

MEISSEN
25.000 - 30.0000 euros / Etude Binoche & Giquello, 6 juin 2018

Lot 109

MEISSEN

Pot à lait couvert de forme balustre en porcelaine à décor polychrome des armes de France et de Pologne et d’un paysage tournant de bord de mer animé de marins et marchands, le déversoir à fond or en forme de masque de satyre, le couvercle décoré d’un paysage de bord de mer animé.
La monture en vermeil avec poinçon de décharge Paris 1756-62.
Marqué : épées croisées en bleu.
XVIIIe siècle, vers 1737.
H. 17,5 cm.
Eclat sur le bord supérieur, un petit éclat sur le déversoir, un petit éclat sur la base, quelques usures d’or.


Ce pot à lait et les tasses et soucoupes suivantes font partie d’un important service à chocolat et thé offert en mars 1737 par l’Electeur de Saxe et roi de Pologne, Auguste III à Marie Leszczynska, Reine de France.

Le service placé dans un coffret en cuir rouge décoré en or ciselé se composait de douze bols à thé, douze soucoupes, douze gobelets à chocolat avec leur support, une jatte à rincer, une chocolatière, un pot à lait, deux théières et un support de théière, une boîte à sucre et une boîte à thé. Il fut confié à Maurice de Saxe, demi-frère d’Auguste III, pour être emporté en France.

Le marchand-mercier Jean Charles Huet, agent de la manufacture de Meissen à Paris, fut payé en septembre 1737 pour son rôle dans la livraison du service.

Auguste II de Saxe avait déjà envoyé en 1728 au cardinal de Fleury, précepteur de Louis XV dans ses jeunes années, un extraordinaire et très important cadeau de porcelaine de Meissen, très certainement pour faciliter la future succession au trône de Pologne, auquel prétendait Stanislas Ier Leszczynski, père de la Reine de France. En 1737, le présent d’Auguste III à la fille de l’ex-roi de Pologne est sans doute également motivé par le souhait de faire un geste de bonne volonté et le désir de rétablir des relations plus sereines avec la Cour de France. A ce même moment, Auguste III écrit au cardinal de Fleury qu’il restaure son ambassadeur en France.

En 1900, lors de la dispersion aux enchères à Paris de la collection d’Albert Gérard, étaient vendus en un lot la chocolatière de ce service, une théière et son couvercle, quatre tasses variées et leurs soucoupes. (Vente, Paris, Hôtel Drouot, collection de feu M. Albert Gérard, Me Chevallier et Me Duchesne, 18-23 juin 1900, lot 357, seule la chocolatière reproduite).

La chocolatière, trois bols à thé et quatre soucoupes sont récemment réapparus et entrés dans les collections du château de Versailles (vente Christie’s, Paris, 13 avril 2017, lots 163-167). Le château de Versailles a également fait l’acquisition de la jatte à rincer et s’est vu offrir en 2017 une tasse à chocolat. Une autre tasse à chocolat et soucoupe sont conservées dans la collection de Michele Beiny Harkins et une troisième avec soucoupe provenant de Seaton Dalaval Hall, propriété du baron Hastings, est passée en vente à Londres en 2009 (Sotheby’s, Londres, 29 novembre 2009, lot 157). Un quatrième bol à thé et soucoupe faisaient partie de la collection Hoffmeister, exposée à Hambourg en 1999 (Sammlung Hoffmeister, vol. II, n° 334, puis vente Bonhams, Londres, 25 novembre 2009, lot 81). L’une des deux théières est conservée dans la collection Gilbert présentée au Victoria and Albert Museum de Londres. Il n’est pas possible de déterminer s’il s’agit de celle de la collection Albert Gérard. Elle porte comme notre pot à lait un poinçon de décharge pour 1756-1762.

Pour une étude de ce service et son rôle de présent diplomatique voir Selma Schwartz et Jeffrey Munger, sous la direction de Maureen Cassidy-Geiger, catalogue d’exposition Fragile Diplomacy, Meissen Porcelain for European Courts, ca. 1710-63, New Haven, 2007, pp. 155-156.