11/06/2014 - PIASA

Sèvres
Estimation 15.000 - 25.000 euros - Etude PIASA, 11 juin 2014, Hôtel Drouot, salle 7

Lot 192

Sèvres

Soucoupe de gobelet litron provenant du Cabaret Égyptien du service de l’Empereur Napoléon Ier à décor en camaïeu sépia au centre d’un portrait d’homme en buste de profil dans un médaillon, légendé en or : Primat d’Alexandrie et cerné de hiéroglyphes en or sur fond beau bleu, le bord décoré d’un rang de perles entre des filets or.
Marque de la manufacture impériale effacée et remplacée par le monogramme de Louis XVIII : deux L entrelacés, gravés en creux et encrés (fig. 2)
Époque Empire, 1809-1810
Ø 13,3 cm
(Un éclat restauré sur le bord)

15 000 / 25 000 €

A Sèvres saucer from the Cabaret Egyptien de l’Empereur, circa 1809-1810

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Provenance :
Livré à l’Empereur Napoléon Ier en 1810 à l’occasion de son mariage avec Marie-Louise.

Le Cabaret Égyptien de l’Empereur est livré le 27 mars 1810 aux Tuileries avec le service particulier de l’Empereur, également connu sous le nom de service des Quartiers Généraux et le surtout qui l’accompagne à l’occasion du mariage de Napoléon 1er et de Marie-Louise le 2 avril 1810.
Ce « Café » se composait d’un pot à lait à bec allongé, un pot à crème étrusque trèfle, un pot à sucre étrusque à deux anses, deux pots à sucre Petsum et vingt-quatre gobelets litron et leur soucoupe(1).

Les paysages et les portraits des soucoupes ont pour source les gravures de l’ouvrage de Dominique Vivant- Denon, Voyage dans la Basse et la Haute Égypte publié en 1802.
Vivant-Denon participe activement aux choix des formes et à la sélection des sujets pour le Service et le Cabaret, fournissant des dessins et vérifiant les inscriptions sous les tasses. La tête du Primat d’Alexandrie figure sur la planche 110, n° 2 de la publication de 1802 accompagnée de la légende : un primat d’Alexandrie, homme plein d’esprit, de noblesse, et de grâce, mais dont toutes les qualités étoient gâtées par un orgueil désordonné (fig. 1).

Les tasses sont peintes par Nicolas Antoine Lebel, les portraits au centre des soucoupes par Antoine Béranger, les décors en or posés par Pierre Louis Micaud, fils les inscriptions par Charles Louis Constans. Le prix de chaque tasse et soucoupe est fixé à 120 francs (2).

Alexandre Brongniart apprend le 26 février 1810 que le service et le Cabaret Égyptien doivent être livrés pour le 25 mars afin de servir à l’occasion du mariage de Napoléon et Marie-Louise. Un état d’avancement du travail établi ce même jour révèle que la plupart des pièces ne sont pas terminées. Au cours du mois de mars 1810, tous les doreurs et brunisseuses sont occupés à ces pièces. Brongniart parvient à livrer fin mars dix-huit des vingt quatre tasses litron du Cabaret, les six dernières ne seront présentées qu’en décembre 1810 (3).

Après la première abdication de Napoléon en avril 1814, le service particulier de l’Empereur et le Cabaret Égyptien du service restent entiers à Paris. Les pièces sont envoyées à la manufacture de Sèvres où les marques impériales sont meulées et remplacées par le chiffre royal formé de deux L entrelacés, gravé et rempli de noir (4) (fig. 2).

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En 1815, l’Empereur emporte dans son exil à Sainte-Hélène la majeure partie du service et le Cabaret Égyptien.

Les pot à lait, pots à sucre, pot à crème et dix-sept tasses et quatorze soucoupes du Cabaret Égyptien de l’Empereur sont entrés dans les collections du musée du Louvre, achetés lors d’une vente en 1949 (5) (fig. 3). Le Louvre conserve également aujourd’hui une tasse et soucoupe offerte par Madame Akram Ojjeh en 1998 (6). Quatre tasses et soucoupes sont passées en vente publique à Amsterdam en 1999 (7) et deux soucoupes se sont vendues en 2004 à Fontainebleau pour 74 300 € (8).

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1 Sèvres, Arch. MNS, carton T5, liasse 1, dossier 6.
2 Tamara Préaud, Dominique Vivant-Denon, l’oeil de Napoléon, catalogue d’exposition, 20 octobre 1999 - 17 janvier 2000, n° 332 à 336.
3 Ibid, p. 299.
4 Colombe Samoyault-Verlet et Jean-Pierre Samoyault, Napoléon et la famille impériale 1804-1815, catalogue d’exposition, château de Fontainebleau, 1986 p. 30 et Tamara Préaud, op. cit., p. 299.
5 Vente Paris, 7 décembre 1949, lot 106.
6 Anne Dion-Tenenbaum, « Acquisitions », Revue du Louvre, 1998, 3, p. 96-97.
7 Sotheby’s, Amsterdam, 17 novembre 1999, lots 209 et 210.
8 Étude Osenat, Fontainebleau, 1er février 2004, lot 624.