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Sèvres, Sept figures des Grands Hommes
Vendu 114.000,00 euros Sotheby’s Paris, Galerie Charpentier, 16 octobre 2007

VENDU 114.000,00 euros

SEVRES
SEPT FIGURES DES GRANDS HOMMES EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’EPOQUE EMPIRE

PROVENANCE
- Livré en décembre 1806 et le 7 juillet 1807 par ordre de l’Empereur Napoléon Ier en présent au Grand Duc Charles II de Bade par l’intermédiaire de Monsieur le baron de Gensau, conseiller de légation à la cour de Bade à l’occasion du mariage la nièce adoptive de l’Empereur, Stéphanie de Beauharnais avec le Grand Duc Charles II de Bade (Arch. MNS, Vy 17 f° 30v).
- Sammlung der MarkgraFen und Grossherzöge von Baden, Sotheby’s, 16-30 octobre 1997, lot 4900.



FIGURE REPRESENTANT LE MARECHAL DE TURENNE EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’APRES AUGUSTIN PAJOU, D’EPOQUE EMPIRE,
Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne (1611-1675) debout, en costume du XVIIème siècle, une épée dans la main droite, protégeant la couronne de France posée sur un coussin en haut d’un socle, la base portant le numéro 12 en creux.
(Epée restaurée).
Haut. : 48 cm.
Le marbre de Pajou, aujourd’hui conservé au musée du Château de Versailles, est exposé au Salon de 1783. Le sculpteur reçoit paiement le 22 janvier 1785 pour la terre cuite qu’il livre à la manufacture de Sèvres (Arch. MNS Vf 34, f° 25, elle est toujours conservée à la manufacture MNS inv. 12976).
Un exemplaire en biscuit du XVIIIème siècle est conservé au musée du Louvre (OA 11059).
Notre biscuit est livré en décembre 1806 avec une figure de Vauban (lot 108) au prix de 200 francs chaque.

FIGURE REPRESENTANT VAUBAN EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’APRES CHARLES ANTOINE BRIDAN, D’EPOQUE EMPIRE
Sébastien Le Presle de Vauban (1633-1707) en costume du XVIIème siècle debout tenant tune carte dans la main droite, sans marque,
Haut. : 50,5 cm

Le marbre de Bridan, aujourd’hui conservé au musée du Château de Versailles, est exposé au Salon de 1785.
La terre cuite est toujours conservée à la manufacture de Sèvres (MNS inv. 23449). Notre biscuit est livré en décembre 1806 avec une figure de Turenne (lot 105) au prix de 200 francs chaque. Un exemplaire du XVIIIème siècle est conservé au musée du Louvre (OA 11831).

FIGURE REPRESENTANT TOURVILLE EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’APRES JEAN ANTOINE HOUDON, D’EPOQUE EMPIRE
Anne-Hilarion de Cotentin, comte de Tourville (1642-1701) en costume du XVIIème siècle debout devant une draperie, une épée dans la main droite, tenant une carte dans la main gauche, la base portant les marques Sèvres 5 et AB pour Alexandre Brachard et 30 Xbre ╪ pour 30 décembre 1805.
(Epée et manche restaurées).
Haut. : 50,5 cm
Le marbre de Houdon, aujourd’hui conservé au musée du Château de Versailles, est exposé au Salon de 1781. Le sculpteur reçoit paiement le 2 février 1785 pour la terre cuite qu’il livre à la manufacture de Sèvres (Arch. MNS Vf 34, f° 25, elle est toujours conservée à la manufacture MNS inv. 23450).
Notre biscuit est livré le 7 juillet 1807 avec cinq autres figures au prix de 200 francs chaque.

FIGURE REPRESENTANT DUQUESNE EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’APRES MARTIN-CLAUDE MONNOT, D’EPOQUE EMPIRE
Abraham Duquesne, lieutenant général des Armées Navales (1610-1688) debout devant une ancre, un boulet de canon à ses pieds, la main gauche sur son épée et le bras droit tendu, la base portant les marques Sèvres, AB pour Alexandre Brachard et 8 Jt ╪ pour 8 Juillet 1806. (Accident à l’extrémité de la main droite et à l’arrière de l’ancre).
Haut. : 51 cm
Le marbre de Monnot est aujourd’hui conservé au musée du Château de Versailles. Le sculpteur reçoit paiement le 2 février 1785 pour la terre cuite qu’il livre à la manufacture de Sèvres (Arch. MNS Vf 34, f° 25, elle est toujours conservée à la manufacture MNS inv. 23453).
Notre biscuit est livré le 7 juillet 1807 avec cinq autres figures au prix de 200 francs chaque.

FIGURE REPRESENTANT LE MARECHAL DE LUXEMBOURG EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’APRES LOUIS PHILIPPE MOUCHY, D’EPOQUE EMPIRE
François Henri de Montmorency, duc de Luxembourg, maréchal de France (1628-1695) debout en armure devant un faisceau de drapeaux et canons, la base portant les marques 09, AB pour Alexandre Brachard et 30 Xbre ╪ pour 30 décembre 1805. (Restauration à la main, au bâton de maréchal, à l’épée, au pied et au bras droit).
Haut. : 49 cm
Le marbre de Mouchy est aujourd’hui conservé au musée du Château de Versailles. Le sculpteur livre la terre cuite à la manufacture de Sèvres en 1787 (Arch. MNS Vf 34, f° 25, elle est toujours conservée à la manufacture MNS inv. 7963).
Le maréchal de Luxembourg reporte de nombreuses victoires contre le Prince d’Orange au début des années 1690, il est alors surnommé le Tapissier de Notre-Dame en raison du grand nombre de drapeaux ennemis qu’il prend sur les champs de bataille et que l’on suspend dans le cœur de la cathédrale.
Notre biscuit est livré le 7 juillet 1807 avec cinq autres figures au prix de 200 francs chaque.

FIGURE REPRESENTANT LE MARECHAL CATINAT EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’APRES CLAUDE DEJOUX, D’EPOQUE EMPIRE
Nicolas de Catinat de La Fauconnerie maréchal de France (1637-1712), debout en armure tenant son épée dans la main droite et dans la main gauche une carte dépliée sur laquelle est inscrit en creux un plan des Plaines de Marsaille, la base portant les marques AB pour Alexandre Brachard et 3 avril 7 pour 1807. (Restauration à l’épée).
Haut. : 44 cm
Le modèle en plâtre de Dejoux est exposé au Salon de 1781 et le marbre , aujourd’hui conservé au musée du Château de Versailles, est exposé au Salon de 1783.. La terre cuite est toujours conservée à la manufacture (MNS inv. 23447).
La bataille de la Marsaille ou bataille de Marsaglia, est une bataille victorieuse livrée le 4 octobre 1693 par l’armée française commandée par Nicolas de Catinat face à une armée hispano-savoyarde commandée par le duc de Savoie Victor Amédée pendant la guerre de la ligue d’Augsbourg.
Notre biscuit est livré le 7 juillet 1807 avec cinq autres figures au prix de 200 francs chaque.

FIGURE REPRESENTANT LE GRAND CONDE EN BISCUIT DE PORCELAINE DURE DE SEVRES, D’APRES PHILIPPE LAURENT ROLAND, D’EPOQUE EMPIRE
Louis II de Bourbon, duc d’Enghien, Prince de Condé (1621-1686) en tenue guerrière de grand apparat debout devant des troncs d’arbres, une épée à la taille, levant et repliant son bras droit, la base portant les marques Sèvres et 9 et AB pour Alexandre Brachard.
(Epée et main droite restaurées, manque le bâton de maréchal).
Haut. : 49,5 cm.
Le marbre de Roland, aujourd’hui conservé au musée du Château de Versailles, est exposé au Salon de 1785. Le sculpteur reçoit paiement le 22 janvier 1786 pour la terre cuite qu’il livre à la manufacture de Sèvres (Arch. MNS Vf 35, f° 19, la terre cuite est toujours conservée à la manufacture MNS inv. 23451).
Notre biscuit est livré le 7 décembre 1807 avec cinq autres figures au prix de 200 francs chaque. Roland a représenté le moment légendaire où le Prince de Condé, en 1644 pendant la guerre de Trente ans, s’apprête à jeter son bâton de maréchal dans les lignes de Fribourg. Voltaire relate cet épisode dans Le siècle de Louis XIV publié en 1751 On dit que le duc d’Enghien [le Grand Condé] jeta son bâton de commandement dans les retranchements des ennemis, et marcha pour le reprendre, l’épée à la main, à la tête du régiment de Conti.
Le Roi Louis XVI acheta un des premiers biscuits de Condé le 4 janvier 1786 (Arch. MNS Vy10, fol. 13) et un autre fut livré au Roi Louis Philippe en 1844 et est aujourd’hui conservé au musée Condé à Chantilly.

LES GRANDS HOMMES

Le comte d’Angiviller, directeur général des Bâtiments, entreprend à partir de 1776 la réalisation d’une série de statues en marbre représentant Les Grands Hommes de la France. Il est prévu qu’ils ornent la Grande Galerie du Palais du Louvre, destinée à devenir le Muséum. D’Angiviller entre en relation avec Jean Baptiste Pierre, Premier Peintre et futur directeur de l’Académie, et lui exprime dans une lettre du 14 mars 1776 sa volonté de confier à quatre sculpteurs de l’Académie royale la réalisation de statues monumentales devant représenter « quelque homme célèbre dans la nation pour ses vertus, ses talents ou son génie ». D’Angiviller sélectionne les Hommes Illustres qui doivent être statufiés et Pierre propose les sculpteurs. Vingt sept statues de Grands Hommes sont réalisées au XVIIIème siècle. Les personnalités retenues se partagent entre les écrivains philosophes, les hommes d’Eglise et d’Etat et les héros militaires et hommes de guerre. Elles ne sont jamais installées dans la Galerie du Louvre et restent jusqu’à la fin de l’Ancien Régime en réserve dans la salle des Antiques avant l’être envoyées pour la plupart à l’Institut.
A partir de 1782, le comte d’Angiviller décide d’éditer des Grands Hommes sous la forme de biscuits de Sèvres d’après des réductions en terre cuite fournies par les sculpteurs. Il décrit son projet dans une lettre du 16 janvier 1782 adressée au directeur de la manufacture Régnier : « Je crois, Monsieur, vous avoir déjà parlé du dessein où je suis de faire exécuter en porcelaine et en petit les statues des Grands Hommes que sa Majesté a déjà fait exécuter en marbre par les principaux sculpteurs de son Académie. J’ai en effet lieu de croire que ces morceaux auront beaucoup de succès et seront achetés avec empressement. J’ai donc déjà chargé M. Pierre de demander aux artistes qui ont exécuté ces morceaux des modèles en terre pour former les creux nécessaires ».
Les sculpteurs reçoivent la somme importante de 1.000 livres pour leur modèle en terre cuite. Vingt trois Grands Hommes sont édités par la manufacture de Sèvres : Racine, le Chancelier d’Aguesseau, Corneille, le Chancelier de l’Hôpital, Fénelon, Catinat, Sully, Vauban, Molière, Montesquieu, La Fontaine, Tourville, Condé, Molé, Duquesne, Bayard, Luxembourg, Rollin, Montaussier, Descartes, Pascal, Turenne.
Le Roi Louis XVI achète les premiers exemplaires en biscuit, exposés dans sa bibliothèque à Versailles. Les Grands Hommes sont également l’objet de présents diplomatiques mais le succès commercial est très modeste.
Le 26 avril 1806, l’Empereur, par l’intermédiaire de Pierre Daru, Intendant général de la Maison de l’Empereur, demande à Brongniart, directeur de la manufacture, de « proposer à Sa Majesté la liste des Grands Hommes du siècle dernier, soit militaires, philosophes ou littérateurs dont on a les modèles. Elle Choisira ceux qu’on pourrait refaire en biscuit pour mettre dans ses appartements ». (Arch. MNS, Carton T2 liasse 1, dossier 1).
Sur les vingt trois figures de la série originale, seize sont retenues et l’Empereur exprime le souhait d’en ajouter douze autres : Guillaume le conquérant, Duguesclin, Gustave-Adolphe, Frédéric II, César, Annibal, Homère, Virgile, Le Tasse, Christophe Colomb, le premier Médicis, et le Prince Eugène.
Les sculpteurs tardant à donner leur modèle, seuls Homère, Virgile et Le Tasse sont réalisés sous l’Empire. Napoléon emploi la série des Grands Hommes à titre de présents diplomatiques et l’un des premiers est le cadeau offert au Grand Duc Charles II de Bade à l’occasion de son mariage le 6 avril 1806 avec la nièce adoptive de l’Empereur, Stéphanie de Beauharnais. Huit Grands Hommes sont livrés en présent à Monsieur le baron de Gensau, conseiller de légation à la cour de Bade. Les statues de Vauban et Turenne sont données en décembre 1806 puis le 7 juillet 1807 six autres : Tourville, Catinat, le Maréchal de Luxembourg, le Grand Condé, Duquesne et Bayard (Arch. MNS, Vy 17 f° 30v et Vy 18).

LITERATURE
Francis H. Dowley : « D’Angiviller’s Grands Hommes and the Significant Moment » The Art Bulletin, Vol. 39, No. 4 (Dec. 1957), pp. 259-277.
Rosemarie Stratmann-Dölhler « Zur Hochseit von Stephanie de Beauharnais - Höfische Geschenke aus der kaiserlichen Porzellanmanufaktur Sèvres, », Weltkunst, janvier 1995, pp. 16.19.
Tamara Préaud : « Les Grands Hommes en Sculptures à Sèvres au XIXème siècle », The French Porcelain Society Journal, Vol. II, 2005, pp.120-132.